Dans sa feuille de route 2024/2030, la Direction Générale des Entreprises a clairement exprimé son objectif de généraliser la fibre optique pour tous d’ici à 2025, avec 5 ans d’avance sur l’objectif européen en comptant particulièrement sur les territoires ultramarins, afin de faire de la France un « hub » pour l’interconnexion européenne et mondiale.
Dans ce contexte, Dauphin Telecom poursuit sa mission d’accompagnement et de services à l’accès de la Fibre Optique jusqu'à la Maison (FTTH, Fiber To The Home). Or, l’installation de l’infrastructure et la fourniture des accès ne peut être déployée sans la prise en compte de l’interopérabilité. Il s’agit de permettre une mutualisation efficace des réseaux et leur commercialisation par l’ensemble des opérateurs commerciaux impliqués dans la fibre. A ce titre, Dauphin Telecom suit un process rigoureux dévoilé dans la suite de cet article (les process décrits ne concernent que la Guadeloupe continentale, la Martinique et la Guyane).
1. L’interopérabilité en question
L'interopérabilité, dans le contexte du réseau FTTH, désigne la capacité des différents systèmes, équipements et opérateurs à fonctionner ensemble de manière transparente et efficace. Cela signifie que les différents composants du réseau, tels que les équipements de l'utilisateur final (modems, routeurs), les infrastructures de réseaux (câbles, nœuds de distribution), et les services des fournisseurs d'accès à Internet (FAI), peuvent interagir sans problème de compatibilité.
Elle est essentielle pour maximiser les avantages des réseaux FTTH car elle favorise la concurrence entre les FAI et améliore le choix et la qualité des services pour les consommateurs. Ce concept d’interopérabilité concourt donc largement à l'évolution technologique et à l'innovation dans le secteur des télécommunications.
2. Le réseau FTTH sur les territoires
Chaque territoire (Guadeloupe, îles du Nord, Martinique, Guyane) suit un déploiement du réseau FTTH spécifique. Selon les territoires, les initiatives des travaux peuvent être portées par un ou plusieurs opérateurs d’infrastructure, dans le cadre des RIP (RIP pour réseau d’initiative publique), mis en place par les collectivités.
L'introduction du réseau FTTH sur les territoires est donc généralement le résultat d'efforts concertés entre les collectivités locales, les opérateurs de télécommunications et divers partenaires pour moderniser les infrastructures de communication. Plusieurs initiatives ont permis le déploiement que nous connaissons : planification et investissement avec les collectivités locales et les opérateurs, projets d’initiatives telles que le Plan France Très Haut Débit, les partenariats public-privé, le déploiement progressif selon les densités de population.
Figure 2 : Couverture du réseau FTTH au 31/12/2023, d'après l'ARCEP (de haut en bas et de gauche à droite : Martinique, Guyane, Saint-Martin, Saint-Barthélemy)
3. Qu’entend-on par « opérateur » ?
A ce stade, il devient intéressant d’aborder la notion d’opérateur. On distingue les opérateurs d’infrastructure et les opérateurs commerciaux.
Un opérateur d’infrastructure, comme son nom l’indique, fournit les infrastructures matérielles nécessaires au déploiement et à la maintenance du réseau FTTH.
Un opérateur commercial se charge de fournir le service de communication. Il utilise l’infrastructure déployée par l’opérateur d’infrastructure.
Pour mieux comprendre, on peut faire l’analogie entre les groupes déployant les autoroutes (il s’agirait donc des opérateurs d’infrastructure) et les sociétés de transport de personnes qui utilisent ces routes pour fournir un service d’acheminement (il s’agirait donc des opérateurs commerciaux).
A Saint-Martin, Dauphin Telecom Infrastructure est l’opérateur d’infrastructure. Mais la branche Dauphin Telecom agit également à Saint-Martin, en tant qu’opérateur commercial pour délivrer le service.
En revanche, sur les territoires de Saint-Barthélemy, de la Guadeloupe, de la Martinique, et de la Guyane, Dauphin Télécom intervient uniquement en tant qu’opérateur commercial, utilisant le réseau déployé par d’autres opérateurs d’infrastructure.
4. Le groupe Interop’fibre et les protocoles
Des protocoles partagés par tous pour assurer l’interopérabilité sont décisifs pour harmoniser les processus entre opérateurs et permettre fluidité et transparence pour les consommateur.ices.
Compte tenu de ces enjeux de l’interopérabilité, un groupe de travail baptisé Interop’fibre[1], réunissant opérateurs, privés et publics s’est constitué pour normaliser les échanges d’informations entre les systèmes d’informations respectifs des opérateurs et harmoniser les processus entre opérateurs dans trois domaines de la mutualisation FTTH : l’infrastructure, l’accès et le SAV.
Le respect des protocoles définis par le groupe de travail d’Interop’fibre est obligatoire pour tous les opérateurs. Ces protocoles permettent la mobilité d’un utilisateur d’un opérateur commercial à un autre par exemple. Dauphin Telecom a l’obligation de suivre ces protocoles lors des demandes de portabilité des clients, au risque de voir les commandes rejetées. Cela implique un fastidieux travail des services informatiques pour s’assurer de bien respecter chacun des cas prévus par les protocoles. Les protocoles évoluant perpétuellement, cela implique une mise à jour constante de l’ensemble des programmes de tests pour s’adapter aux changements.
La première étape concerne la mutualisation d’une infrastructure. Dans cette première étape, des échanges transitent entre opérateurs d’immeuble et opérateurs commerciaux pour formaliser la mutualisation et informer de l’avancement du déploiement. Le protocole PM (Point de Mutualisation) définit la série de flux d’échanges sur le déploiement de l’infrastructure FTTH, par exemple le flux « IPE », Informations Préalables Enrichies, envoyé à J+1 de tout changement par les opérateurs d’immeuble pour décrire l’ensemble du parc d’adresses FTTH ciblées, signées, en cours de déploiement ou déployées, ou encore le flux « Compte-rendu d’information au syndic » confirmant à l’opérateur commercial qu’un courrier a été envoyé au syndic par l’opérateur d’immeuble pour prévenir de son raccordement potentiel.
Ensuite, le protocole Accès encadre les échanges entre les opérateurs lors du passage d’une commande d’accès FTTH, quand un client souscrit sur une adresse mutualisée. L’opérateur commercial doit vérifier l’éligibilité du client au service : cela implique l’appel aux webservices de l’opérateur d’infrastructures qui vérifiera l’éligibilité de l’identifiant immeuble du demandeur (IMB). Ensuite, une série d’actions est déclenchée, comme défini par le protocole Accès :
L’opérateur commercial transmet la commande, à l’opérateur d’immeuble.
En réponse l’opérateur d’immeuble renvoie l’accusé de réception puis le compte-rendu de commande. Cela fournit à l’opérateur commercial la route optique à suivre.
Une notification de raccordement KO ou de reprovisionning peut être émise en cas d’échec de raccordement.
Enfin, concernant le troisième domaine, le SAV, les protocoles ont évolué dans plusieurs versions, chacune visant à améliorer la gestion des échanges entre opérateurs en cas de pannes ou de problèmes techniques. Ils définissent des formats et des processus clairs, des échanges automatisés pour réduire les délais d’intervention en cas de panne.
Ainsi, Dauphin Telecom repose essentiellement sur les documents de protocoles obligatoires et de bonnes pratiques produites par le groupe Interop’fibre, pour développer ses propres outils et plateformes internes de gestion assurant une communication fluide et standardisée entre ces systèmes d'information et ceux des autres opérateurs. Ces documents incluent des spécifications techniques pour les flux d'échanges, les descriptions des règles de gestion, et les recommandations de tests.
La mise en place du réseau FTTH est un processus complexe impliquant une planification stratégique, des investissements significatifs, des partenariats efficaces, et une approche progressive pour assurer une couverture étendue et l'adoption par le plus grand nombre. Dans ce cadre, Dauphin Telecom participe aux efforts coordonnés avec différents acteurs pour moderniser l'infrastructure numérique des différents territoires, leur donnant accès à la connectivité et à la compétitivité dans l'ère numérique : le respect des protocoles élaborés par Interop'Fibre est crucial pour la réussite de l’interopérabilité sur des infrastructures mutualisées de fibre optique.
Sources :
[1] CHAMPSAUR, M. Paul. Mission sur la transition vers les réseaux à très haut débit et l’extinction du réseau de cuivre. 2014.
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